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professeur de philosophie du lycée Watteau de Valenciennes a été récemment l’objet d’une campagne de harcèlement de la part de l’extrême-droite : diffamation, contre-vérités, menaces, insultes, se sont répandues sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Parce que ce professeur, dans le cadre d’un projet pédagogique interdisciplinaire intitulé « Exil et frontières », voté par le Conseil d’administration de son lycée, validé par le rectorat de l’Académie de Lille, avait organisé une sortie à Calais pour les étudiants de sa classe préparatoire littéraire : visite de l’Auberge des migrants, grand entrepôt de matériel et siège de nombreuses associations, découverte des activités du bénévolat associatif, ethnologie de la frontière. C’était une sortie sur le terrain, comme en organisent couramment les universitaires pour leurs étudiants. C’était aussi l’occasion pour ces jeunes majeurs d’observer, d’enquêter, d’analyser, de réfléchir, de prendre conscience de toute la complexité, économique, politique, humaine, du phénomène migratoire à l’échelle de cette zone de transit qu’est devenue Calais. Ce professeur répondait en cela à sa mission : former les étudiants qui lui sont confiés à l’analyse de phénomènes complexes, développer leur esprit critique, afin qu’ils deviennent des citoyens éclairés. Il est donc inacceptable que des militants politiques, par idéologie, aient contraint ce professeur et ses étudiants à renoncer, pour raison de sécurité, à cette sortie. La coordination des professeurs de philosophie de l’Académie de Lille a publié une tribune de soutien à ce professeur : on peut y lire parmi les presque 1500 signataires individuels, les noms de Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022, et de François Héran, Professeur au Collège de France, spécialiste des migrations internationales.
L’équipe diocésaine du réseau Fratelli Tutti salue le travail de ce professeur de philosophie qui ouvre l’esprit de ses étudiants à la complexité du monde. Nous formons tous une famille humaine et sommes appelés à construire des ponts, non des murs car « quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité ». (Pape François, Lettre encyclique Fratelli tutti, 1-27)